



farouche, les
convictions libertaires
de Robert Henri
devaient avoir un
impact sur ses élèves
de la New York School
of Art (Hopper,
Bellows…), et plus
largement sur le destin
de l’art américain.
« Nous devons
seulement peindre ce
qui est important pour
nous, et en aucun cas
répondre à des
demandes extérieures.
Ils ne savent pas
ce qu’ils veulent et ce
que nous avons à leur
donner. » Généralisant
ces principes
émancipateurs pour
en faire un manifeste
collectif, Henri fédère
le groupe d’artistes qui,
en 1908, proclament
l’acte d’indépendance
de la peinture
américaine.
Le groupe des « Huit »
Alors que Hopper s’obstine à cultiver sa nostalgie
parisienne, est organisée à New York une exposition
appelée à révolutionner l’histoire de l’art moderne
américain. Loin de l’esprit
d’ouverture salué par Hopper au
Salon d’automne parisien, l’art
américain vit sous la férule
conservatrice et autoritaire de
la National Academy, institution
qui régit le fonctionnement des
expositions et contrôle le marché
de l’art. Membre de l’Académie,
Robert Henri mène la révolte
contre son étouffante autorité.
Indigné par l’exclusion des
œuvres de George Benjamin
Luks, de John Sloan et de
William James Glackens
du Salon annuel de l’Académie,
il opte pour une dissidence ouverte qui prendra la
forme d’une exposition de contestation.
Les sept artistes qu’il regroupe autour de son
projet se mettent en quête d’une galerie susceptible
d’accueillir leur exposition, qui est finalement
inaugurée le 3 février 1908 dans les murs
de la galerie Macbeth sur la 5e Avenue.
La presse rend abondamment compte de
cette manifestation d’indépendance du
groupe des « Huit », dans laquelle elle voit
l’expression d’un nouveau « réalisme
américain ». Des années plus tard, en 1916
(d’après le récit fait par Sloan), au nom de
la trivialité de leurs sujets, les « Huit » de
la galerie Macbeth seront assimilés à une
« école de la poubelle » (Ash Can School),
appellation qu’entérinera la postérité.
Les « Huit » ne constituent pas un groupe
homogène. Si l’art de Maurice Prendergast,
Ernest Lawson ou Henri relève de
l’impressionnisme, celui de Sloan,
Glackens, Luks, Everett Shinn et Arthur
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CHAPITRE 2