J’avais toujours habité Paris. Mon père y conduisait, assez brillamment semble-t-il, une carrière de haut fonctionnaire dans le sillage d’importants ministres. On ne prononçait leur nom, à la maison, imitant en cela mon père, qu’avec un respect mêlé de dégoût. En ces temps de crise, puis de guerre, ils étaient le maître qui disposait de mon père jour et nuit et je souffrais de l’entendre, au téléphone du salon, obtempérer aux ordres de politiciens qu’il méprisait ouvertement en privé tout en les servant de son mieux. Le dernier s’appelait Chabannais, ministre des Postes, je crois, ou peut-être de l’Industrie, dans le cabinet de guerre de Paul Reynaud. Mon père disait qu’il avait un nom de maison close et qu’il n’en méritait pas d’autre, allusion que j’étais, à l’époque, bien incapable de comprendre. Nous reverrons ce personnage, le 11 juin 40, au château de La Celle, chez ma tante Melly Lavallée, dans le sud de la Touraine, lors de la lamentable cavalcade qui conduisit le gouvernement français, en cent heures que nous payons encore, de Paris jusqu’à Bordeaux. C’est ce jour-là que j’ai choisi de suivre Bertrand Carré à l’Île Bleue et le Chabannais ministre n’y est pas pour rien…
Mon père ne prenait jamais de vacances. Depuis que c’était devenu un droit acquis sous le Front populaire, lui qui ne s’imposait que des devoirs, il affichait de n’en point user. En réalité, il avait horreur des vacances, détestait la campagne et la mer, la chasse, le sport, les déplacements, et s’ennuyait à périr s’il s’éloignait plus d’une journée du quartier des ministères et de son appartement de Passy, bourré de livres, qui étaient son seul univers. Ma mère et lui, très unis, ne quittaient jamais Paris. On m’expédiait, « pour ma santé », chez l’une ou l’autre tante, en Touraine, entre Loches et La Roche-Posay. Dans un rayon de dix kilomètres, j’en comptais bien une demi-douzaine à différents degrés de parenté, la tante Octavie, la tante Melly, la tante Germaine. Elles habitaient, dans de jolis vallons, de rustiques gentilhommières qui se prenaient pour des châteaux, où se réunissaient, l’été, des tripotées de cousins, de cousines et d’amis, un été qui durait jusqu’au 1er octobre, date de la rentrée en ce temps-là. Autre temps. Ce n’est pas un récit de nostalgie que j’écris, mais enfin, c’étaient des vacances bénies, quoiqu’elles dussent tout au sursis des accords de Munich, empreintes de fraîcheur candide, de distinction gaie et partagée adaptée aux plaisirs de notre âge, balades à bicyclette, jupes plissées blanches pour les filles, culottes courtes et bas pour les garçons, pique-niques, baignades dans la Mulsanne, tennis, croquet, pain et tablette de chocolat au goûter, sans omettre d’aller saluer les tantes qui prenaient le thé sous la charmille et à qui l’on disait « vous » en les appelant uniformément « ma tante ». Très françaises, si l’on sait encore ce que cela veut dire, elles étaient interchangeables. Parmi le mouvement des visages qui avaient peuplé mes nuits de fièvre, j’ai surtout retenu celui de ma tante Melly qui m’hébergeait au château de La Celle. Et sa voix étonnamment juvénile. Sa façon de vous jauger de pied en cap, de monter sur ses grands chevaux, mais l’œil amical, prodigieusement intéressé, avant de laisser tomber quelques mots qui valaient un passeport pour nos balades et pour nos jeux, tandis que s’immobilisait devant elle, avec le plus insolent naturel, le garçon que je voulais lui présenter, Bertrand Carré :
— Vous ferez des ravages, mon jeune ami. D’où venez-vous ? Quels orages nous apportez-vous ?
Bertrand s’était contenté de répondre : « Madame… », avec une petite inclinaison déférente de la tête, tout en lui plantant son regard bleu dans les yeux. Rien n’échappa à la tante Melly, les cheveux noirs aux mèches rebelles, les longs cils, l’impertinent petit nez droit, la bouche aux lèvres bien dessinées entrouvertes sur des dents éclatantes, les longues jambes brunes, les mains fines, et ce visage à l’ovale féminin qu’offrent parfois les petits mâles français et dont on aurait tort de déduire un manque de virilité. L’examen achevé, ma tante émit un léger soupir d’aise et nous congédia de la main :
— Ne faites pas trop de bêtises, tous les deux.
C’était l’été 39. Bertrand Carré nous était arrivé de Versailles, lui aussi chez une de ses tantes qui répondait au prénom de Sophie, à cinq kilomètres de La Celle de l’autre côté de la Mulsanne. Elle l’adorait, évidemment, et lui laissait plus de bride sur le cou qu’il ne convenait à un garçon de son âge, treize ans, tout comme moi, à quelques semaines près. Son père, le chef d’escadrons Carré, commandait depuis peu le poste de Lang Sön, au Tonkin, face à la frontière chinoise qu’occupaient les Japonais. De sa mère, il ne parlait jamais. J’avais vu une photo de son père auquel il ne ressemblait en rien. Assurément, il tenait de sa mère. Pour terminer son portrait, je dirai qu’il portait un bracelet, qui n’était point du tout une gourmette, ce qui eût été vulgaire, mais un véritable bijou d’or incrusté de bâtonnets de laque de couleurs vives qui enserrait son poignet gauche comme une étrange manchette scintillante, d’une mystérieuse inutilité. Voyant et ostentatoire, l’objet avait de l’élégance et il était si bien assorti à l’insolite personnalité de celui qui le portait avec tant de naturel que ma tante Melly, et toutes les tantes, décidèrent sans se consulter, en dépit des protestations ironiques des oncles et des grands dadais de cousins, qu’il n’y avait pas là faute de goût, parce que Bertrand, c’était Bertrand, point à la ligne ! Ce bracelet hypnotisait les filles. Quant aux autres garçons de notre âge qui auraient eu la mauvaise idée d’en ricaner, un seul regard de Bertrand Carré leur en coupait définitivement l’envie.
Pourquoi ai-je tant parlé de ce bracelet ? Peut-être parce qu’il est un signe. Que savons-nous des attitudes des enfants ? Est-ce qu’ils ne perçoivent pas d’instinct que le dérisoire, c’est le vrai ? Voilà pourquoi ils jouent. C’est la seule façon d’y échapper, en attendant de comprendre plus tard, pour peu qu’on ait l’âme claire, que les convictions ne sont guère que des attitudes et qu’à y rester fidèle, on n’a jamais fait que jouer, et même jouer sa vie, s’il le fallait, et la perdre. Il y avait pourtant, chez Bertrand, des contradictions que je ne tenterai pas d’expliquer. À propos de ce bracelet, plus tard, à l’Île Bleue, en le présentant au soleil qui le faisait étinceler comme une sorte de lustre psychédélique, il me dit : « Il appartenait à ma mère, et pour du toc, c’est du toc ! Un vrai truc de bordel… » Le soir même, je m’étais précipité sur le dictionnaire, qui de B (bordel : maison de prostitution) m’avait renvoyé à P, où les prostituées se révélèrent être des femmes « qui se livrent à la prostitution, en se donnant à quiconque les paie », ce qui, sans trop comprendre les détails techniques du marché, m’avait fait rougir jusqu’à la racine des cheveux et considérer avec effroi la porte entrouverte de la bibliothèque par laquelle la tante Melly pouvait entrer et, d’un seul coup d’œil sur le dictionnaire, me déshonorer à jamais. Ainsi étions-nous, les garçons, les gentils garçons, l’été 39…
Je me souviens de l’ouverture de la chasse, fin août 39, à Beausoleil, propriété de mon oncle Léonce Bonnadieu, le mari de ma tante Germaine, grand ordonnateur cynégétique des battues entre Creuse et Indre. En attendant le signal du départ, Bertrand était assis sur une marche du perron en compagnie d’une quinzaine de garçons, dont j’étais, rabatteurs d’occasion armés de drapeaux de chefs de gare et à qui l’on donnait cent sous, un énorme sandwich aux rillettes et une gourde de jus de pomme. Son œil insolent se posait à tour de rôle sur chacun des piaffants nemrods avantageux et ventripotents, bardés de cartouchières et de gibecières, harnachés comme les combattants boers du président Kruger et coiffés de chapeaux verts surmontés d’une plume de faisan. Ridicules, ils l’étaient, assurément, dans mes souvenirs de petit citadin dépaysé à la campagne, mais pas plus que les parachutistes à casquette Bigeard que l’on voit chasser aujourd’hui le faisan de basse-cour en Sologne. Les queues des chiens frétillaient, tandis que groupés autour de l’empereur Léonce comme les généraux de Napoléon au matin d’Austerlitz, ces messieurs s’envoyaient cul sec quelques verres de vouvray bien frais que leur servaient des gardes-chasse moustachus boutonnés jusqu’au menton. Bertrand Carré me poussa le coude.
— Ils partent en guerre, me dit-il. Pour ça, tu vois, ils sont fin prêts. Ils ont un moral d’acier.
Il faut se rappeler qu’on parlait beaucoup de guerre, cette année-là. Au moins de celle qu’on avait déjà bravement esquivée. L’été précédent, en effet, les nemrods, mobilisés, étaient revenus après Munich sur leurs terres, juste à temps pour l’ouverture sacro-sainte du perdreau, tant de gracieux petits cadavres emplumés allongés sur le pavé gris et harmonieux de la cour de Beausoleil, classicisme mordoré de nature morte, tableau de chasse qui ballonnait de fierté et de champagne les oncles et les grands cousins tandis que Hitler alignait le sien : les dépouilles mortelles de la Tchécoslovaquie.
— Et tiens ! me dit Bertrand, regarde les veuves !
— Les veuves ?
Un peu à l’écart du commando boer, les tantes et les grandes cousines se tenaient plus discrètement rassemblées autour des Citroën C4 décapotables à bord desquelles elles suivaient la chasse avec des paniers de pique-nique et des flacons. Beaucoup d’entre elles savaient conduire et conduisaient gantées de cuir. Les femmes ne chassaient pas, en ce temps-là, pas plus d’ailleurs qu’elles ne votaient. Mais d’un côté, c’était la loi, de l’autre le bon plaisir des mâles. Si les femmes chassent, depuis, en Touraine, c’est que les mâles ont perdu la guerre. Je vis Bertrand échanger un regard complice avec sa tante Sophie, laquelle considérait avec une ironie apitoyée l’oncle Armand Majorel, son mari, qui mimait l’ouverture de l’an dernier au centre d’un cercle de guerriers en pointant, par jeu, son fusil vers le ciel, braqué sur une compagnie imaginaire de perdreaux. Pauvre homme… Il était gros et solennel, bavard et inoffensif. Il se racheta dix mois plus tard, le 17 juin 40, en insultant, du haut de son pigeonnier, les stukas qui mitraillaient les ponts de l’Indre et qui le laissèrent indemne, à sa grande fureur étonnée.
— Pourquoi, les veuves ? demandai-je.
— Mais regarde-les, à la fin ! me dit Bertrand – il désignait le groupe des chasseurs. Regarde ces caricatures ! J’imagine qu’elles voudraient les voir morts, étalés glorieusement entre les lapins et les perdreaux, tandis que leurs chiens hurleraient.
— Drôle d’idée, dis-je.
— Tu appelles cela drôle ? La chasse, c’est comme la guerre, ça doit se mener dangereusement, gravement, avec des morts des deux côtés. Et pour les femmes, il n’y a qu’un rôle à tenir dignement, celui de veuve !
Bertrand Carré n’avait que treize ans l’été 39, je le rappelle. Moi aussi. Les autres rabatteurs riaient sous cape, sauf Pierrot, le fils d’un fermier de l’oncle Léonce, et Zigomar, autrement dit Adhémar Durand, un échalas myope et timide affublé d’un nez démesuré aussi ridicule et mal assorti à son visage que son prénom de croisade à son nom. Ils avaient tous deux choisi leur camp.
Une fille vint nous rejoindre, Maïté, la fille de ma tante Octavie de Réfort. Treize ans aussi, longue et mince, presque sans rondeurs, avec de superbes cheveux blonds dont elle jouait comme une femme et un regard gris qui ne s’animait qu’au son de sa propre voix. La peau très blanche, de petits seins à peine enflés avec des pointes d’un rose nacré, une ombre blonde au bas du ventre en un discret triangle parfait, et je le sais, car je l’ai quelquefois vue nue, dans le vieil omnibus de la tante Sophie, et plus tard, à l’Île Bleue. Elle m’est apparue si souvent ainsi, pendant mes longues nuits de fièvre, qu’à présent je ne puis l’évoquer sans trouble, exactement à la façon d’un homme, alors que j’étais un enfant et que je l’aimais chastement. Car je l’aimais, ainsi que pouvait aimer un gamin de ce temps-là, sans oser lui prendre la main, ni l’effleurer, ni même le lui avouer, ce qui, selon l’étiquette de nos jeux, convenait. Elle m’eût envoyé promener. Son dieu, c’était Bertrand.
Moi, je devais me contenter de déclarer ma flamme à Suzanne Charpentier, qui était la fille du boucher, un brave homme qui buvait depuis qu’il avait perdu sa femme et laissait vagabonder en notre compagnie la donzelle, qu’on appelait Zazanne, c’est tout dire ! Une gentille cruche, bête comme une oie, assez avenante et de bonne volonté, que m’avait abandonnée la générosité seigneuriale et un peu dédaigneuse de Bertrand, auquel, naturellement, elle vouait un attachement d’esclave. Elle avait un défaut de prononciation, une sorte de grasseyement dans la voix qui faisait que dès qu’elle ouvrait la bouche, qu’elle avait pulpeuse et vulgaire, tout comme son rondouillard et ondulant derrière, on pensait immédiatement à des choses mystérieuses un peu sales et c’est cette voix que j’entends. À l’âge qui est le mien aujourd’hui, ayant revécu au fond de mon lit les apparitions tout aussi dénudées et fortement parfumées de lavande à bon marché de Zazanne, et y ayant trouvé, dans le demi-délire de la fièvre, une sorte de satisfaction honteuse, je comprends que Bertrand ne m’avait laissé en partage que la petite monnaie de l’amour. Même à treize ans. Déjà à treize ans. La fille facile, ordinaire, c’était pour moi. Il l’avait jugé ainsi. L’admirable Juliette blonde et fine, c’était pour Roméo Carré, Bertrand, maître de nos jeux, mais pas de nos destins, parce que nous n’étions pas dignes de lui. Cela doit être aussi, je le sais, l’un des motifs secrets de cette force qui m’avait fait enfouir sous des pelletées d’oubli la sépulture de Bertrand Carré, à l’Île Bleue.
Bertrand dit à Maïté :
— Veux-tu être ma veuve ?
Les autres gamins se tordaient de rire avec une incompréhension sénile, car on peut être sénile à tout âge. Béats, Pierrot et Zigomar contemplaient leur souverain. Maïté, d’un mouvement de pouliche, secoua ses cheveux blonds.
— Je suis ta veuve, dit-elle, et tu le sais.
Il n’y a rien de plus beau et de plus haïssable que cette scène-là, puisque j’en étais exclu d’entrée. J’ai compris, dans la solitude moite de mes draps, qu’elle avait marqué ma vie.
L’empereur Léonce, mon oncle, souffla dans un petit sifflet d’argent qui était pendu à son cou, jetant au signal, dans la bataille, une armée française disciplinée, piaffante, de gardes-chasse, de rabatteurs, d’oncles et de cousins mirobolants qui s’élancèrent à travers champs montrer aux perdreaux et aux lièvres de quel bois la France se chauffait. Nous agitions vigoureusement nos drapeaux dont le claquement débusquait le gibier. Il fallait crier très fort « perdreau ! perdreau ! » ou « garenne ! garenne ! », si on en voyait, de telle sorte que ces messieurs pussent discerner immédiatement où allait se jouer leur honneur, dans le ciel ou au ras du sol. Ce fut une mémorable fusillade. Bertrand allait les dents serrées, comme s’il marchait à l’ennemi. Il avait jeté son drapeau en me disant : « C’est grotesque ! » À plusieurs reprises, il dépassa dangereusement la ligne des rabatteurs et le plomb lui siffla aux oreilles sans qu’il baissât même la tête.
— Petit salaud ! dit Raymond Bonnadieu, un grand cousin rouquin, la main levée comme s’il allait frapper, et qui détestait Bertrand. J’ai manqué toute une compagnie (de perdreaux) par ta faute. Mais te rends-tu compte qu’à cette distance-là, j’avais une chance sur deux de te tuer !
— La belle affaire ! répondit Bertrand.
Puis désignant le paysage et la ligne des tirailleurs boers faisant mouvement vers le champ voisin, il ajouta bizarrement :
— Au champ d’honneur, on meurt toujours pour rien. Il y a ceux qui le savent et ceux qui n’en savent rien.
— Tu crèveras un jour d’orgueil, dit le cousin.
Ajoutons que ce cousin-là, lieutenant de chasseurs à pied, mourut crânement pour rien devant Arras et qu’il laissa une veuve très convenable qui se consola convenablement, la paix des braves revenue, justement après une partie de chasse…
Le soir même, à Beausoleil, après la cérémonie du tableau de chasse, si énorme qu’il en devenait métaphysique, devant un buffet de pâté de lièvre et de bourgueil frais, la radio apprit aux messieurs coiffés de chapeaux à plume de faisan que les deux géants de ce temps venaient de signer le pacte germano-soviétique. Il y eut alors un cafouillage dans la programmation musicale de la radio – Radio-Paris, je crois –, à moins que ce ne fût délibéré, une façon bien française de remonter le moral de la nation. La voix de Maurice Chevalier, grassement populaire, faubourienne, racoleuse, chanta : « Amusez-vous, foutez-vous d’tout, la vie passera comme un rê-ê-ve, amusez-vous, foutez-vous d’tout, prenez la vie par le bon bout, et zou ! » Un tube de l’époque. Muets devant leur étalage de perdreaux, leur assiette de pâté à la main, les messieurs ruminaient la nouvelle et la chanson. Les derniers retardataires arrivaient, leur fusil pointé vers le sol, comme pour des funérailles officielles. La radio acheva : « Et l’on n’est pas ici, pour se faire du souci, l’on n’est pas ici-bas, pour se faire du tracas. Amusez-vous, foutez-vous d’tout, etc. »
— Ah ! non ! dit la voix hautaine de Bertrand.
Et la radio se tut. Bertrand avait coupé les ailes à Momo, lequel remit ça quelques jours plus tard pendant que les Allemands écrasaient la Pologne (« Paris sera toujours Paris… La ligne Siegfried… Et tout ça ça fait d’excellents Français… »), mais cela n’a plus de rapport avec mon histoire.
Il devait être cinq heures du soir. Accablés, la mine basse, les messieurs s’en retournèrent vers leurs jolis petits châteaux préparer leurs uniformes d’officiers remisés dans la naphtaline depuis Munich. Bertrand rassembla tout son clan du regard.
— Dans une demi-heure, à l’omnibus ! dit-il.