Le quinquagénat

Le problème, avec le débat sur le quinquennat présidentiel français, est de nous obliger désormais, en période unanimiste, à calculer l'âge du capitaine. Le spectacle ayant évolué à grande allure, ce sont des images, et non des programmes, dont nous devons prévoir le vieillissement. Chirac et Jospin dans cinq ans, dans sept ans ? Encore des photos dans Paris Match ou au Festival de Cannes ? On imagine les clichés, c'est comme s'ils avaient déjà été publiés. D'où ma proposition : le quinquagénat. Tout candidat (ou candidate) à la direction de l'État devra impérativement avoir cinquante ans et sera élu pour un an renouvelable pendant cinq ans. Ensuite, stop, à la retraite. Place aux nouveaux acteurs. Le film l'exige. Cette procédure enfin démocratique permettra de susciter des vocations, des épanouissements, des rebondissements, des appétits. L'opinion, de plus en plus désabusée et morose, sera passionnée par le scénario. Ce sera une explosion de débats, d'empoignades, de reportages. Il n'est pas impossible qu'on recommence à se dire des vérités. Que cent fleurs s'épanouissent, que des talents se révèlent. De plus en plus de femmes auront leur chance, et ce ne sera pas trop tôt. Car le quinquagénat, d'après moi, devra être paritaire. Après un homme, une femme. Et de nouveau un homme. Et puis une femme. Voilà le progrès.

28/05/2000