Sur la route
Petites vies, petits commerces, grandes douleurs : dépenses inouïes, trous noirs financiers, médiocres plaisirs. Tel est le film actuel. Pour prendre un peu l'air, on lira les Lettres choisies de Jack Kerouac15, grand aventurier de l'existence. On le voit errer, boire, se perdre dans le bouddhisme, revenir à lui, écrire sans cesse pour trouver ce qu'il appelle la « prose spontanée », c'est-à-dire la vie réellement vécue, la poésie rythmée et soufflée (comme le jazz). C'est électrique, confus, mais imprégné d'une foi peu commune. Il faut atteindre la « forme sauvage », dans un monde « submergé de livres et de mots trop nombreux ». Ceci, en tout cas, à Carolyn Cassady, en avril 1955 : « Oh bon, nous pourrions parler toute la nuit et passer un bon moment et boire du vin et nom de Dieu nous le ferons quand j'aurai de l'argent pour voyager. Entre-temps, petite, sois fraîche, sois bénie, sois détendue, comme les roses sous la pluie que je vois d'ici à l'instant devant ma fenêtre. »
25/06/2000