Slovénie

Pendant que j'étais à Londres, ma maison dans l'île de Ré était cambriolée. Affaire courante. Repartons donc dans l'autre sens, tiens, vers la Slovénie, premier pays de l'ex-Yougoslavie à avoir proclamé, il y a dix ans, son indépendance. C'est un vieux et beau pays, la Slovénie, vous voyez, là, au nord-ouest, non, non, pas la Serbie, ni la Croatie, ni le Kosovo, ni l'Albanie, ni la Hongrie, mais bien la Slovénie, deux millions d'habitants, Ljubljana capitale. Mon livre sur Casanova vient d'être traduit en slovène (très bien, paraît-il), ça m'amuse d'imaginer les rêveries que vont déclencher les aventures de ce grand écrivain vénitien français (on oublie toujours que les Mémoires de Casanova sont écrits en français). Ljubljana est une très belle ville, la Contre-Réforme est passée par là, places, ponts, courbes architecturales, églises.

Des poètes, des romanciers, des critiques, des traducteurs, l'éditeur de Lautréamont et des surréalistes, tout le monde est joyeux, entreprenant, très tourné vers la France. Le ministre des Affaires étrangères, surprise, était un lecteur assidu de Tel quel dans les années 1970 du dernier siècle. Tel quel ? Mais si, vous savez bien, cette petite revue d'avant-garde réputée terroriste, qui a perturbé le marché littéraire français en même temps que le Nouveau Roman. Il ne fait pas froid, il neige, on parle de Casanova et de Dante comme s'il s'agissait de retrouver les fondements d'une Europe oubliée. Peu de chômage, une certaine prospérité, un violent désir d'entrer à nouveau dans une Histoire libre. Horizon très concret, là, vouloir-vivre. Une rose pour la Slovénie.

28/01/2001