Picasso
Pendant ce temps-là, ce qu'il faut bien appeler la traite du bétail humain continue à travers les mafias locales et internationales. Un bateau battant pavillon cambodgien ? Non, ce sont des Kurdes. Ils sont là, un millier, sur la Côte d'Azur. Vous êtes en France, allez, un permis de séjour. Débrouillez-vous pour trouver une aide.
Balthus : un visiteur du XVe siècle, un effort minutieux, rigide, pour arrêter le temps. Non, ces fillettes ne sont pas des « lolitas » ; non, il ne s'agit pas d'érotisme, au sens industriel que ce mot a pris désormais. Quel abîme entre Picasso et lui, et comme il est bizarre que Balthus meure au moment même où l'exposition Picasso enflamme le Jeu de paume. Balthus déclenche un respect froid, des airs entendus. Picasso, lui, passant en force, ne plaît en définitive à personne. Une critique d'art feint de s'étonner de cet art phallique, ultramasculin, machiste, déchaîné, broyeur. Il n'y a chez Picasso, dit-elle, aucune représentation d'homosexualité masculine. Eh oui, c'est ainsi. Faudrait-il reprocher à Genet de manquer de scènes hétérosexuelles ? La question me semble oiseuse.
Jean Clair, interrogé sur ce débordement d'étreintes diverses, a raison, en tout cas, de préciser qu'une telle exhibition serait problématique aujourd'hui aux États-Unis. Ici, à Paris, la droite fait la fine bouche, la gauche aussi, pour des raisons sans doute opposées mais qui se rejoignent. Dans quoi ? L'économie. Attention, Picasso arrive, cachez vos femmes. Que les hommes se débrouillent entre eux, peut-être, et encore. Mais avouez que cette Pisseuse de 1965 est insupportable. Non ? Vous aimez ça ? Vraiment ?
25/02/2001