Bouddhas
Le chef suprême des talibans s'appelle Mohammad Omar. Les bouddhas de la falaise de Bamiyan le gênent, il ordonne de les faire exploser à la dynamite. Il faut dire que le plus haut de ces bouddhas sculptés mesure 55 mètres, ce qui peut légitimement offusquer un croyant sincère. Cachez-moi ces bouddhas qui sont plus grands que moi. Dieu est jaloux, on le sait, et a une curieuse tendance à interdire les images. Il veut qu'on pense à lui tout le temps de façon morale et abstraite. De là à utiliser l'explosif contre des représentations qui semblent contester votre autorité, il n'y a qu'un pas. Il est franchi, de temps en temps, au cours de l'Histoire. Moralité : l'islamiste fanatique y croit. L'Arabie Saoudite et le Pakistan profèrent des condamnations vertueuses, mais du bout des lèvres. Et l'Unesco ?
Écoutons Saïd Zulficar, secrétaire général de Patrimoine sans frontières : « D'une manière générale, l'Unesco a de plus en plus de mal à agir. Comme ses ressources financières sont médiocres, l'organisation internationale doit avoir un indiscutable poids moral. L'a-t-elle encore ? On peut en douter. Trop d'intérêts politiques et financiers parasitent ses efforts et sapent son éthique. Aussi cette très lourde machine, très bureaucratique, a-t-elle perdu peu à peu une partie de son aura et de la passion qui l'animait. »
25/03/2001