Drôle d'été

On part en vacances, il fait d'abord très chaud, et puis il pleut, le vent souffle, la température retombe. En revanche, chaleur étouffante à Moscou, où la population, peu expérimentée, se noie plus ou moins, paraît-il, dans les fontaines publiques. L'effet de serre se resserre, on pressent que la couche d'ozone a un trou. Heureusement, je vois Chirac et Poutine trinquer là-bas avec une bière fraîche, pendant que Bernadette, au musée de l'Ermitage, contemple les tableaux de Soulages qui expose en invité son noir fondamental. « Cette peinture est monastique », dit Bernadette, l'air pensif. Voilà qui me rassure. Une exposition Picasso érotique au musée de l'Ermitage aurait été de très mauvais goût.

Tragédies, comédies : tempête, soleil. Le temps est à la douche écossaise, ou irlandaise, cela fait longtemps qu'on ne sait plus ce qui se passe exactement en Ulster, entre catholiques et protestants. En revanche, Milosevic transféré au Tribunal pénal international, très bien ; mais où est donc passé Mladic avec ses huit mille morts de Srebrenica ? On en apprend de belles sur les transferts de cadavres déterrés par camions frigorifiques, et autres fantaisies macabres balkaniques. Il y a quelque temps, la mode était à recompter les morts du Kosovo. Il y en a eu moins que vous ne prétendez, lisait-on même dans une prestigieuse revue intellectuelle française. C'était compter sans les camions frigorifiques. Et il y a aussi les cuves d'acide. Regardez l'assassinat de Ben Barka. Une bonne cuve, le cadavre introduit, quelques heures de dissolution, plus la moindre trace. Le roi du Maroc, Hassan II, s'est fait, apprend-on, projeter le film de l'opération. Chacun ses passions.

29/07/2001