City

Je continue à lire, il n'y a rien d'autre à faire : « Du fait de son poids financier, mais aussi de ses liens étroits avec le Moyen-Orient, Londres est en première ligne. » « Une bonne partie de l'argent des groupes terroristes passe par ici », affirme un officier du renseignement. Les policiers britanniques « examinent toutes les pistes », assure le Trésor. Les circuits financiers classiques, mais aussi les réseaux caritatifs islamistes et un système de transfert de fonds plus occulte, très développé du Golfe au Sud-Est asiatique, connu sous le nom de Hawala. Un changeur au noir reçoit une somme en liquide, voire de l'or, à Kuala Lumpur, Karachi ou ailleurs, et demande par téléphone à son correspondant londonien de reverser la contre-valeur à un client. Pas de traces. La confiance remplace le jeu d'écriture. Restent les grands réseaux financiers…

On attend sans doute ici que je prononce le mot mafia. J'allais le faire. C'est fait. Mais il suffit de rappeler ces quelques lignes de Debord dans Commentaires sur la société du spectacle : « On se trompe chaque fois que l'on veut expliquer quelque chose en opposant la Mafia à l'État : ils ne sont jamais en rivalité. La théorie vérifie avec facilité ce que toutes les rumeurs de la vie pratique avaient trop facilement montré. La Mafia n'est pas étrangère en ce monde ; elle y est parfaitement chez elle. Au moment du spectaculaire intégré, elle règne en fait comme le modèle de toutes les entreprises commerciales avancées. »

Qui osera dire que le fanatique islamiste suicidaire n'est pas un excellent élément dans un rapport de forces intermafieux ? Non seulement il se sacrifie sans chercher à savoir pourquoi, mais en plus il endosse le costume du diable. Ce qui permet, aussitôt, l'élargissement des opérations.

30/09/2001