Moto

Ben Laden introuvable ou mort (attention à la prochaine cassette), le mollah Omar fuyant à moto, le film devient maintenant comique, et les caricaturistes s'en donnent à cœur joie. D'ailleurs, la photo d'Omar n'est pas, semble-t-il, la bonne photo, et quant à l'organisation d'Al-Qaida, on s'y perd, ce ne sont plus seulement des réseaux mais des « essaims », ils peuvent se remanifester d'un moment à l'autre. Les terroristes sont partout, nulle part, polycéphales, poissons dans l'eau, increvables. On va quand même les exhiber à Guantanamo, agenouillés, cagoulés, menottés, en s'attirant, du même coup, des protestations humanitaires.

Pendant ce temps-là, le scandale de la faillite d'Enron (huit cent quatre-vingt-une filiales dont sept cents dans les paradis fiscaux, vingt et un mille salariés aux retraites parties en fumée) trouble Bush en train de regarder à la télévision un match de football. Il a soudain une hallucination : le mollah Omar traverse le terrain à moto en criant : « Enron ! Guantanamo ! » Le Président mâchait un bretzel. Il s'étouffe, il s'évanouit, il tombe, il s'abîme la joue et la lèvre inférieure. Bien entendu, il ne parle de sa vision à personne, mais commande quand même une enquête sur la retransmission du match pour savoir si quelqu'un a pu glisser, ici ou là, un message subliminal. Ce motard, il l'a vu, aucun doute. Furtif, d'accord, mais d'une virtualité intensément réelle. Inutile de préciser que les morceaux de bretzel ont été aussitôt analysés en laboratoire sans rien donner de concret. Une vengeance des Chinois pour avoir truffé l'avion de Jiang Zemin de micros jusque dans les toilettes ? Tout est possible, l'avenir le dira.

27/01/2002