L'axe du Mal

Ça y est, nous sommes entrés dans le nouvel espace planétaire impliquant une autre géométrie morale. Il y aura désormais un axe du Mal et un axe du Bien, et il faudrait être singulièrement désaxé pour ne pas en convenir sur-le-champ. Bush montre du doigt l'Iran, l'Irak, la Corée, mais je me demande s'il ne faut pas être plus exigeant et traquer, chez chaque individu, les traces de l'axe.

J'ai déjà demandé, ici même, qu'on veuille bien relire de près un livre encore en circulation, et qui, à mon avis, devrait être interdit. Il s'agit des Fleurs du mal, d'un certain Baudelaire, mélange peu ragoûtant de toutes les complaisances morbides et de tous les vices. L'auteur ne prétend-il pas que nous sommes tous des possédés du Diable ? Écoutez-le :

« Sur l'oreiller du Mal c'est Satan Trismégiste

Qui berce longuement notre esprit enchanté […]

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !

Aux objets répugnants nous trouvons des appâts ;

Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,

Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. »

Eh bien, monsieur Baudelaire, ça suffit. Parlez pour vous et vos amateurs, probablement enfants de soixante-huitards, mais n'insultez plus le genre humain dans sa marche vers l'ordre, le progrès, la sécurité. Relisez Hugo, ce géant, et tenez-vous tranquille. Il s'agit désormais de remettre la France et le monde entier à l'endroit. Vos langueurs, vos lubricités nous écœurent, et il est inadmissible qu'on donne à lire vos élucubrations rampantes dans des écoles dévastées. On vous a condamné un peu il y a plus d'un siècle, mais pas assez. Regardez le président Bush : a-t-il l'air d'être possédé du démon ? Croyez-vous qu'il trouve des « appâts » aux objets répugnants ? Oser dire que le Mal pourrait produire des « fleurs » ! Quelle sinistre plaisanterie ! Nous voulons des présidents en bonne santé nous entraînant vers un avenir radieux, et pas votre poésie sordide.

24/02/2002