Palestine
Et bien sûr, Jérusalem. Et puis Ramallah, Bethléem, Naplouse, Jénine. Israël se défend comme un gros animal qui défonce tout, tandis que l'instrumentalisation de la misère en « martyrs » glace le sang. Je n'aime pas le mot « martyr ». Je suis de l'avis de Voltaire, pour qui les fanatiques sont « tous pétris de la même merde détrempée de sang corrompu ». Voilà comment il faut écrire. La paix, sans doute, mais où, quand, avec qui, comment ? Les différentes manifestations propalestiniennes ou pro-israéliennes laissent un sentiment de malaise irréel. Une envie de vomir, pourtant, bien réelle, quand je vois des pancartes mettant sur le même plan l'étoile de David et la croix gammée.
Là encore, une histoire de vieux : Arafat blême à la bougie, regard débile ; Sharon doublé de volume ; Colin Powell pressé de rentrer dans des régions civilisées… Et encore des soldats, et des femmes dans les ruines. Et la vieille litanie des attentats antisémites en France, pendant que des fous irresponsables pensent que Le Pen déplaît d'abord aux musulmans…
Je lis le témoignage de Wole Soyinka dans Le Monde, cet écrivain nigérian, poète et dramaturge, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1986 : « Nous avons vu les postes de contrôle que doivent franchir des milliers d'Arabes palestiniens afin de se rendre au travail en Israël, leur seule et unique source économique. Nous avons été bloqués dans ces convois de véhicules où sont pris, deux fois par jour, les Palestiniens quand ils se rendent au travail et qu'ils en reviennent. Ces files interminables m'ont rappelé mon propre pays, le Nigeria, entre le premier coup d'État des militaires et la guerre civile du Biafra, avec ses conséquences immédiates. Je revoyais ces visages de désespoir et de résignation, mais aussi la colère dont bouillait une population soumise à une humiliation quotidienne de la part d'une force armée arrogante. Ce sentiment d'humiliation était tout aussi tangible en Palestine : on pouvait le toucher, le mesurer, le penser. » Et ensuite, fabrication de « martyrs ». Et ensuite, sans fin, le même film. Mais, malheureusement, ce n'est pas un film.
28/04/2002