Simone Weil

En ces temps de grande misère intellectuelle et spirituelle, on pourra se reporter aux passionnants Cahiers42 de l'intraitable philosophe et anarchiste Simone Weil, morte à Londres en 1943. Par exemple à cette lettre, d'une merveilleuse insolence, qu'elle envoie de Casablanca, le 26 mai 1942, avant son départ pour New York, pour expliquer au père Perrin les raisons pour lesquelles elle, juive, n'accepte pas de se « convertir » : « Vous pouvez me croire sur parole si je vous dis que les Grecs, l'Égypte, l'Inde antique, la Chine antique, la beauté du monde et les reflets de cette beauté dans l'art et la science, le spectacle des replis cachés du cœur humain chez les êtres en qui la religion n'a aucune part, toutes ces choses qui sont en dehors du christianisme visible, et pour l'amour desquelles je reste hors de l'Église, ont fait autant et peut-être plus que les choses visiblement chrétiennes pour m'apporter le Christ.

« Tout cela doit être pour vous très difficile à comprendre, mais pour cette raison même, comme vous ne pouvez pas, il me semble, douter que ce soit vrai, cela est propre à vous faire réfléchir. »

28/04/2002