Pourquoi le Brésil ?
Rien à voir avec le Mondial, c'est le titre étrange du prochain livre de Christine Angot, à paraître à la rentrée49. On en parle déjà beaucoup en coulisses. Son père, lorsqu'elle avait douze ans, lui envoyait des lettres attentives, aimantes, plutôt poétiques. Dans l'une d'elles : « Pourquoi le Brésil ? Peut-être parce que c'est un pays dont toute la richesse est dans l'avenir, comme toi à qui le globe était destiné. » Cette déclaration est un talisman pour la vie. Ceux qui ont lu L'Inceste comprendront qu'il s'agit aussi d'une malédiction difficile à surmonter. Angot est un écrivain direct, réaliste, rythmique : on commence à lire, on est entraîné. Elle décrit la fatigue et l'épuisement comme personne, elle brise un tabou sur l'existence féminine qui, spectacle oblige, doit toujours avoir l'air « en forme », alors que l'effondrement guette, que la dépression ou la mélancolie sont là, à l'affût. Fatigue, désir et impossibilité d'écrire, obstination à écrire pour changer la vie. Et puis une rencontre. Et puis l'amour. L'amour, vraiment ? Est-ce possible ? Peut-on traverser les peurs, les préjugés, les contraintes sociales, la barrière des corps ? Il semble que oui, malgré les tourbillons de crises. Et ce oui va choquer. Et tant mieux. Angot est un personnage combattant. Un écrivain, en somme, et pas une productrice de livres. Elle sait ce qu'est un mot, celui-là, pas un autre. Et là où il faut. Et c'est beau.
30/06/2002