Napoléon VI
Alexandre Dumas, dont il est beaucoup question ces jours-ci (Panthéon oblige), notait le 5 juillet 1848 : « La France n'est pas plus monarchiste qu'elle n'est républicaine. » Étonnante appréciation qu'il s'agit de repenser aujourd'hui. Ni monarchiste ni républicaine ? Mais alors, quoi ? Un mixte, sans doute, qu'on n'a plus besoin d'appeler « empire », mais où on peut garder l'image du monarque républicain, sécuritaire d'un côté, social de l'autre.
Après Napoléon le Grand et Napoléon III, après la Troisième République et la honteuse parenthèse maréchaliste, nous avons donc eu Napoléon IV, de Gaulle ; Napoléon V, Mitterrand ; et enfin Napoléon VI, Chirac. À eux deux, Mitterrand et Chirac vont totaliser vingt-six ans de règne. C'est beaucoup, c'est une vague de fond. On comprend ceux qui voudraient fonder une Sixième République, mais la place est prise. La seule question est maintenant de savoir qui sera Napoléon VII en 2007. Les paris sont ouverts.
Entre-temps, tout le monde sait bien que ne se poseront que des problèmes mineurs, sauf le Proche-Orient et la Bourse. Qu'à cela ne tienne : il y aura des analyses, des bavardages, des revendications, des manifestations, des appels au peuple, des diatribes, des accusations, des remises en question, des débats, des rebonds. L'opinion que je viens d'avancer sera considérée comme élitiste et peu démocratique par ceux-là mêmes qui soutiennent le point de vue napoléonien. Rendez-vous, donc, au prochain plébiscite.
28/07/2002