Clonage
À moins que je me fasse cloner, la tentation est quand même très forte. Le professeur Antinori me plaît, sportif, jean gris, moustache convaincante, tee-shirt noir et baskets. Sa technique de transfert nucléaire paraît solide, et l'expérience est en cours, quelque part en Russie, ou ailleurs. Le père d'Antinori était agriculteur, son oncle vétérinaire mais il ne parle pas de sa mère. Dès l'âge de sept ans, nous dit-il, il s'intéressait beaucoup à la reproduction. C'est une sorte de Mozart des ovules et des spermatozoïdes. Il a déjà fécondé plus de mille femmes ménopausées, leur permettant ainsi d'incarner, selon ses propres mots, « la revanche de la femme sur l'homme ». Il a été persécuté par l'Église, ce qui est bon signe. Son programme évite les exagérations d'autres aventuriers prêts à ressusciter le Christ à partir de l'ADN collé sur le Saint Suaire. « La vie est un risque », dit-il sobrement. Un fils peut donc devenir désormais le jumeau de son père, et, en ce qui me concerne, je n'y vois pas d'inconvénient. Quelques Sollers de plus feraient mon affaire. Je ne détesterais pas provoquer ainsi le désespoir de ceux qui ne m'aiment pas.
28/07/2002