Matisse-Picasso
Ah ! le vrai bonheur, la démonstration, la beauté, la vérité : cette exposition extraordinaire. Courez-y, restez-y, n'en sortez plus, revenez-y, recourez-y. Comment ont-ils fait, ces deux-là, à travers deux guerres mondiales et des avalanches de massacres ? Le bruit et la fureur ont disparu, des foules hurlantes, des camps de concentration, des tortures ont eu lieu. On est en 1908, ils ont tout anticipé et compris. En 1915, ils tiennent le coup. En 1939, ils anticipent et comprennent mieux que personne. En 1950, ils sont toujours là. Ils n'ont pas d'âge, le dessin et la couleur les emportent, ils passent leur temps à méditer et à jouir, l'un plus enveloppant, l'autre plus dressé et cruel.
Trois femmes rouges : on n'en veut plus d'autres. Madame Matisse : on part avec elle. La Danse : mieux que tout mouvement. Les Marocains : volupté de l'espace. Nu dans un jardin : comment Picasso a-t-il pu faire une femme comme ça ? Et ce Grand intérieur rouge : pourquoi habiter ailleurs ? Et Zulma, cette déesse, aujourd'hui à Copenhague. Et cette Grande nature morte au guéridon où l'on mange tout. Et L'Acrobate bleu : quelle insolence !
29/09/2002