Etchegaray
Le cardinal m'inquiète. Il arrive à Bagdad souriant, détendu, un peu trop détendu, même. Une pensée coupable me vient : n'a-t-il pas abusé du vin de messe pendant le vol ? C'est vrai qu'il a l'air un peu pompette, comme s'il inaugurait une maison de retraite dans la banlieue de Rome. Le pape l'a envoyé, le pape a toujours raison. Mais était-il bien opportun de trimbaler Tarek Aziz à Assise, et de le filmer agenouillé, en prière vers saint François ? Il est vrai que les réunions, à la Maison-Blanche, commencent toutes par une prière recueillie qui semble illuminer les beaux visages virils des maîtres du monde. Bref, on ne sait plus trop à quel Dieu se vouer. Est-il à Jérusalem, à Rome, en Arabie Saoudite, au Pentagone ? Pourquoi ne terrasse-t-il pas le diable Ben Laden et sa manie de parler à la radio ? Ce qui est plaisant, avec Etchegaray, c'est son côté bon enfant, posant sans malice auprès d'un tueur patenté. Pour la bonne cause, évidemment, celle de la paix, supérieure à toute autre.
23/02/2003