Tristesse

Ophélie, ma libraire, me demande avec un sourire sournois ce que je pense du dernier livre de JMG Le Clézio, qu'elle adore. « C'est extraordinaire, me dit-elle, quel souffle, quelle ampleur ! » Je promets de le lire un jour. Mais elle passe déjà, très excitée, à l'annonce du prochain roman de Milan Kundera, L'Ignorance, prévu pour le 3 avril. Bizarrement, ce livre, écrit en français, est d'abord paru un peu partout sur la planète dans d'autres langues. Justement, un article récent en cite un passage. Perfidement, je le mets sous les yeux d'Ophélie. Il est question d'un homme regardant une femme nue après l'amour :

« Il regardait toujours son sexe, ce tout petit endroit qui, avec une admirable économie d'espace, assure quatre fonctions suprêmes : exciter ; copuler ; engendrer ; uriner. Longuement, il regarda ce pauvre endroit désenchanté, et fut saisi d'une immense, immense tristesse. » Ophélie pince légèrement les lèvres. « Je suis sûre qu'il y a autre chose, me dit-elle. Évidemment, vous, vous préférez L'Origine du monde de Courbet ! » Je rougis un peu, elle me trouble.

23/02/2003