Giroud

J'avais été étonné, en publiant mon livre sur Casanova, d'être attaqué de manière virulente par Françoise Giroud. Elle prétendait, de manière très exagérée, que Casanova passait son temps (je la cite) à « enculer des religieuses ». Rien de tel, pourtant (sauf peut-être une fois ou deux, en passant). Je comprends mieux, aujourd'hui, la signification de ce fantasme soutenu jusque dans sa vieillesse, malgré son analyse avec Lacan. Les lettres anonymes qu'elle envoyait, avant son suicide heureusement raté, à Servan-Schreiber sont plus qu'étranges, pathétiques65.

Celle-ci, par exemple, expédiée à la femme que Servan-Schreiber s'apprêtait à épouser : « Le Juif SS veut des enfants comme s'il n'y avait pas assez de Juifs sur terre… Ton fiancé est plus amoureux que jamais de sa maîtresse. Pas de toi. L'autre. C'est la femme la plus bandante de Paris. Son fric, c'est elle qui l'aura… L'autre, il la paie mieux. C'est vrai qu'elle est plus bandante, sa belle maîtresse de velours noir… »

Dois-je avouer que je n'ai jamais trouvé Françoise Giroud « bandante » ? Personne n'est parfait. Oserai-je même confesser n'avoir jamais conçu le moindre désir pour Brigitte Bardot dont la bêtise ne fait qu'éclater ces jours-ci ? Non, rien, pas le moindre trouble. Mais je ne vais pas vous ennuyer avec mes souvenirs de jeunesse avec Ava Gardner. Tout de même, les explosions de bassesse, chez l'être humain, ont de quoi faire réfléchir. L'origine sociale n'explique pas tout, la sexualité non plus. C'est plus profond, plus noyau dur, plus opaque. Passons.

01/06/2003