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Comment ne pas se réjouir du triomphe du dernier livre de Bernard-Henri Lévy ? C'est sans doute par humour qu'il a voulu souligner, dans une publicité, la consternante unanimité de la critique : « Fascinant, mystérieux, saisissant, convaincant, foudroyant, terrifiant, formidable, démoniaque, apocalyptique. » On se demande pourquoi Marie-Françoise Leclère (Le Point) ne parle que d'« un grand livre », vite corrigée par Thierry Ardisson (Tout le monde en parle), « un très grand livre ». J'ajouterai volontiers : fabuleux, ahurissant, renversant, explosif, incroyable, désagrégeant. Peut-être faudra-t-il un jour, pour éveiller l'attention (et toujours avec humour) inventer des placards massifs avec les mots suivants : répugnant, immoral, inadmissible, confus, prétentieux, inutile, illisible.
La publicité négative reste à inventer. Par exemple, j'apprends à l'instant que Denys Arcand, le réalisateur canadien des Invasions barbares, un film primé à Cannes et plébiscité par le public du Festival, raconte qu'ayant rencontré autrefois la grande actrice chinoise Gong Li, il lui a fait, pour frimer, l'apologie de l'horrible révolution culturelle. « J'étais aussi con que Sollers traduisant les poèmes de Mao dans Tel Quel », dit-il. Je connais un peu Sollers : en présence de Gong Li, il se serait bien gardé de lui parler de Mao. Sauf le lendemain peut-être, au petit déjeuner, pour rire, et encore. N'empêche, ce Denys est sympathique, j'irai voir son film.
01/06/2003