Rousseau
Un peu de repos : ouvrons la réédition récente des Rêveries du promeneur solitaire69. Excellente lecture d'été, loin du bruit et de la fureur. « Tout est fini pour moi sur la Terre. On ne peut plus m'y faire ni bien ni mal. Il ne me reste plus rien à espérer, ni à craindre en ce monde, et m'y voilà tranquille au fond de l'abîme, pauvre mortel infortuné, mais impassible comme Dieu même. »
Encore un peu : « Tout ce qui m'est extérieur m'est étranger désormais. Je n'ai plus en ce monde ni prochain, ni semblables, ni frères. Je suis sur la Terre comme dans une planète étrangère où je serais tombé de celle que j'habitais. Si je reconnais autour de moi quelque chose, ce ne sont que des objets affligeants et déchirants pour mon cœur, et je ne peux jeter les yeux sur ce qui me touche ou m'entoure sans y trouver toujours quelque sujet de dédain qui m'indigne, ou de couleur qui m'afflige. Écartons donc de mon esprit tous les pénibles objets dont je m'occuperais aussi douloureusement qu'inutilement. Seul pour le reste de ma vie, puisque je ne trouve qu'en moi la consolation, l'espérance et la paix, je ne dois ni ne veux plus m'occuper que de moi. »
Rousseau est un blasphémateur social. Il prend parti pour lui. Il préfère son parti à sa patrie. On le traite de fou : il traverse les siècles. C'est un déserteur de l'ennui. Il est toujours plus vivant aujourd'hui.
29/06/2003