Chirac

Incroyable Chirac ! En route pour la Polynésie, il est accueilli comme un héros à Kuala-Lumpur. Sa vision du monde multilatérale s'impose, il rebondit, il se planétarise, il s'épanouit. Il rassure, il rassemble, il endort, il offre Johnny à la Corrèze, il laisse à ses ministres épuisés les embrouillaminis intérieurs, il plane, il sourit, il reluit. Blair, après l'étrange mort de David Kelly, est blême ; Bush est sacrément emmerdé ; Berlusconi déconne ; Shröder est toujours aussi lourd ; Poutine rame entre ses oligarques et ses Tchétchènes. Chirac, lui, en pleine forme, est déjà dix fois réélu, il est là jusqu'en 2012.

La France et la République sont un mystère providentiel. Les socialistes n'en finissent pas de purger leur peine, le spectacle a ses soubresauts, la Corse s'agite en vain. Monseigneur Raffarin prêche doucereusement le statu quo, le commissaire Sarkozy exhibe son Raid, le bel Aillagon se perd dans les festivals, mais Chirac est là, il absout, il plaide, il bénit. Le 14-Juillet, on l'a entendu répéter au moins cinquante fois le mot « dialogue » entouré des mots « adaptation », « concertation », « négociation ». Il n'est pas de problème que le dialogue ne puisse résoudre. Nous sommes embarqués ensemble, donc dialoguons. Il faut multiplier les dialogues d'adaptation. Concertons-nous dans le dialogue. Apprenons à dialoguer, le reste s'ensuit. Nos ancêtres les Gaulois ne dialoguaient pas assez. Au passage, on aura remarqué que Chirac a rendu un hommage appuyé au président Giscard d'Estaing, l'Europe en personne, et qu'il l'a même appelé M. Giscard d'Estaing, et, encore mieux, Valéry Giscard d'Estaing.

De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, la continuité est assurée, et qui a dit que l'Hexagone était un pays instable ? Quelques crises, soit, des spasmes, mais rien de sérieux. On s'adapte, on se concerte, on dialogue. Vous avez vu des manifestations, vous ? Moi pas.

27/07/2003