Sade
Pour une surprise, c'en est une : le marquis de Sade amoureux. De qui ? De sa belle-sœur, comme on va le découvrir dans ce livre à paraître en novembre, Anne-Prospère de Launay82. Ce sont des lettres retrouvées, révélées et remarquablement commentées par le collectionneur Pierre Leroy. La présidente de Montreuil, la belle-mère de Sade, organise sa persécution. Il a épousé une de ses filles, il lui a fait trois enfants, et cet aventurier dépensier part en Italie avec la sœur de sa femme ! Ce débauché notoire ! Deux filles ! Deux sœurs ! Et qui ne se détestent pas, en plus ! Une mère désavouée par ses filles ! Enfer et damnation !
Le marquis, à l'époque, a trente-deux ans, il est déjà condamné pour de sombres histoires de prostituées, notamment à Marseille, et sa gracieuse maîtresse, âgée de vingt et un ans (une chanoinesse, soit dit en passant), ne voit pas d'inconvénient à le suivre à Venise. Évidemment, tout ça va très mal tourner au bout de trois mois, Sade commencera ses longues années de prison (vingt-huit, en tout, « sous tous les régimes »), sa belle-sœur mourra bientôt dans un couvent, mais le monstre garde son portrait jusqu'au bout (il a disparu).
Sensible, Sade ? Élégant, délicat, raffiné, charmant ? Mais oui, et il faut être dévot du puritanisme comme de la perversion pour ne pas l'admettre. Monstrueux et charmant. Monstrueux en imagination, n'est-ce pas, jamais criminel. Un des plus grands écrivains qui aient jamais existé, impossible dans une autre langue, la gloire de la France. Il avait donc convaincu sa belle-sœur de sa philosophie dans le boudoir ? Drôle d'idylle, extravagant roman.
26/10/2003