Cellules

Notre corps nous est inconnu, nous sommes embarqués avec lui dans une drôle de navigation à travers le temps. Pour s'en convaincre, il suffit de lire le très beau livre de Jean-Claude Ameisen, La Sculpture du vivant : le suicide cellulaire ou la mort créatrice republié en poche récemment88. Oui, lecteur, lectrice, chaque jour, plusieurs dizaines de milliards de vos cellules s'autodétruisent, et sont remplacées par des cellules nouvelles. À tout moment vous mourez, à tout moment vous renaissez. « Pour chacune de nos cellules, vivre, c'est avoir réussi à empêcher, pour un temps, le suicide. »

Un peu de vertige, donc, en plein océan : « Plus de 99 % des espèces apparues depuis quatre milliards d'années se sont probablement à jamais éteintes. Le monde chatoyant qui nous entoure est un monde de rescapés. » Ce suicide cellulaire, constant, devrait transformer notre vision des choses et de nous-mêmes : naissance, vieillissement, vie, mort, tout ce drame change de sens. Aimez-vous comme un rescapé, et ne détestez pas vos compagnons de naufrage.

28/12/2003