Marie L.

Les mythomanes, comme les érotomanes, sont intéressants. L'ennuyeux, c'est qu'ils ou elles sont d'une ténacité inébranlable. Ils ou elles vous poursuivent, s'obstinent, inventent des relations imaginaires, vous font entrer de force dans leurs misérables romans, vous harcèlent, n'attendent d'ailleurs aucune réponse, vivent en autarcie avec leur délire qui consiste finalement à dire : « Même si ce n'est pas vrai, c'est vrai. » Le faux, pour eux et pour elles, est un moment d'un faux plus général, ambiant, étroit, gigantesque.

Il est vrai que le scénario de Marie L. dans le métro peut provoquer l'effroi. « Effroi », c'est le mot de Chirac, qui pourtant est un dur à cuire. Croix gammées dans les cimetières ou tracées au feutre par la « victime » sur son pubis (avec, au passage, un gnon sur son bébé), le court-circuit est énorme mais compréhensible. Le bon docteur Freud hoche la tête, fait un geste d'accablement. Ce n'était pas vrai, mais ça aurait pu être vrai : voilà la nouvelle logique du spectacle. Et peu importe que vous vous fassiez passer pour français, juif, maghrébin, noir, catholique, protestant, musulman, athée, sessuel dans un sens ou dans l'autre. Misère, disent les humanistes, qui ont peur que ce soit plus grave que ça. Mais c'est plus grave que ça.

25/07/2004