Carnage
Bush a menti, il va être réélu, une fois que le sang est tiré il faut le boire. Même constatation pour Poutine, dont rien n'empêchera la montée en puissance sécuritaire face à la barbarie terroriste qui se déploie en miroir de la répression (qui, bien entendu, l'alimente à son tour). Nous avons affaire à des criminels : le moment n'est pas venu de nous demander si nous sommes nous-mêmes criminels. Chaque jour vous apporte votre provision de cadavres, mères et enfants, innocents. Les débris humains ne se comptent plus, les voitures explosées non plus.
On a tort de parler de « kamikazes ». Ce mot japonais renvoie à une tout autre réalité suicidaire. Un aviateur japonais qui va s'exploser contre un porte-avions américain (à moins d'être descendu avant) n'est pas dans la même dimension qu'un type (ou une fille) attaché à son volant pour faire le plus grand nombre de victimes possible. La guerre ne se fait plus entre militaires (avec dégâts collatéraux), mais en plein dans la substance humaine en tant que telle, comme si la rage de détruire et celle de s'autodétruire coïncidaient désormais dans un spasme noir.
Le nihilisme s'est annoncé ouvertement dès le XIXe siècle, mais nous sommes beaucoup plus loin, bien après Dostoïevski (ce prophète), dans un autre Mal, que l'ancien Bien ne conjure plus, d'aucune façon. Otages, carnages, chantages, brouillages.
26/09/2004