Passé
Quelque chose a dû vraiment se passer en 1968 du siècle dernier, pour que tout le monde s'en préoccupe de façon embarrassée. Le Parti socialiste veut exercer là-dessus son devoir d'inventaire. Tous nos malheurs, on le sait, famille, école, perte de l'autorité et de la responsabilité, viennent de cette méchante insurrection libertaire. Sur ces fameuses années 1960, on peut parcourir le journal de Catherine Robbe-Grillet, Jeune mariée117. Qui aurait pu imaginer, à l'époque, que le terroriste en chef du « nouveau roman » serait un jour membre de l'Académie française ? Ainsi va la vie.
Mme Robbe-Grillet est simple, facétieuse, discrète. Elle nous apprend quand même que son mari était un grand sentimental, de tendance pétainiste et fasciste, étrange mélange qui s'ajoute à une impuissance troublée. Les séances érotiques, plutôt chastes, que son mari organise pour l'austère Jérôme Lindon, son employeur, saisi par le démon de minuit, sont le clou de ces révélations, le tout étant un peu noyé par des notations d'achats, de décoration et de réunions de famille. C'est naïf, gentil, pas du tout pervers, bizarrement innocent. On attend maintenant le discours de Robbe-Grillet à l'Académie, et son édition, par la suite, aux sévères Éditions de Minuit. Il n'est pas mauvais que l'humour règne.
31/10/2004