Écoutes
Les « écoutes » organisées par l'Élysée il y a vingt ans (procès ces temps-ci) sont une des péripéties les plus grotesques de la République. Mitterrand était fasciné par Hallier. Il voyait en lui « le plus grand écrivain de sa génération », erreur de goût manifeste. Il le faisait donc écouter pour protéger sa fille encore secrète à l'époque, Mazarine (devenue, depuis, critique littéraire à la télévision). Faire écouter Hallier, qui parlait ouvertement partout à tort et à travers, relève de la cocasserie la plus inepte.
Comme ce fou de Hallier me téléphonait de temps en temps pour m'entretenir de ses divers délires, je me suis donc trouvé moi-même « écouté ». Ma fiche doit comporter les renseignements suivants : « Vous croyez ? Vraiment ? Sans doute. À moins que ce soit le contraire. Je n'en suis pas persuadé. Il faut voir. Cela ne me paraît pas urgent. Excusez-moi, j'étais en train d'écrire. Non, non, vous m'avez mal lu. C'est très intéressant, mais peut-être inutile. C'est ça, à bientôt. » Ce genre-là. Je suis sûr, en tout cas (et j'espère que ce renseignement figure dans les archives), d'avoir cité une fois au moins Machiavel : « L'affront et l'insulte engendrent de la haine envers ceux qui en usent, sans aucune utilité pour eux. »
28/11/2004