Napoléon

Contrairement aux Vénitiens qui se souviennent du mot de Bonaparte « Je serai un Attila pour Venise », les Français adorent Napoléon. Son sacre à Notre-Dame, en 1804, a toujours des partisans partout. Encore une histoire de pape humilié dans la circonstance. Et surtout, reproduction mécanique, dans la presse, d'un des tableaux les plus kitschs du monde, celui de David. C'était le bon temps : on pillait les chefs-d'œuvre italiens (Les Noces de Cana de Véronèse, par exemple) et on inaugurait la nouvelle peinture officielle, froide, puritaine, néoclassique, servile. Jeanne d'Arc et Napoléon sont deux grands mystères français : impossible d'y toucher, Voltaire et Chateaubriand, sur ces sujets, ne seront jamais à la mode. J'ai essayé d'expliquer tout ça, sans grand succès, dans un livre sur Vivant Denon, Le Cavalier du Louvre127. On doit à Denon d'avoir sauvé le merveilleux Gilles de Watteau, artiste inouï tombé dans le plus profond discrédit à l'époque (de même que Fragonard, mort presque inconnu). Le Sacre de Napoléon ou Gilles ? Choisissez, révélez-vous.

26/12/2004