A 380
Désolation et progrès technique sur fond de confort et de bien-pensance généralisée, voilà la réalité : ce nouvel Airbus est une merveille, et d'ailleurs les Chinois l'achètent déjà. Je vois que, dans cet avion du futur, chaque voyageur pourra connecter son ordinateur portable contre le versement d'une somme forfaitaire ou intégrée dans le prix du billet. Envoyer un e-mail, télécharger un programme vidéo et accéder à une sélection de sites et de jeux sera possible en vol, sans perturber la pléthore d'instruments de bord.
Le cockpit de l'A 380 compte pourtant à lui seul dix écrans d'ordinateur (mais cent sont parfaitement envisageables). La luminosité interne, surtout, est un vrai paradis : soixante-quatre réglages lumineux sont disponibles pour détendre les passagers au long du vol. Un éventail de couleurs simule la luminosité de l'aube au crépuscule afin de limiter les effets négatifs du décalage horaire. Deux bars, une boutique détaxée, des petits salons privés, des salles de repos individuel avec couchette et douche, des machines à sous, des bibliothèques, un sauna, une salle de gymnastique, tout cela au-dessus de l'Atlantique, de l'océan Indien ou du Pacifique, qui dit mieux ?
D'autant plus qu'en première classe et en classe affaires de nouveaux sièges arrondis peuvent, une fois ouverts, devenir des lits individuels. Le nom de ces sièges ? « Cocon ». Depuis son « Cocon », donc, le voyageur sensible et vaguement culpabilisé pourra envoyer ses dons aux populations rampantes. La technique suit son cours, la charité aussi. On ne dit pas si, en cas d'accident, le passager du Cocon pourra suivre sa mort en direct. C'est pourtant plausible.
30/01/2005