Noui

Même si le résultat du référendum n'est pas encore connu, on peut dire que le non l'a emporté en profondeur en France. C'est un non complexe, contradictoire, bariolé, viscéral, une sorte de oui au non, un noui. Les effets ne vont pas tarder à se faire sentir. Le Pen regonflé, Villiers électrisé, Buffet requinqué, Hollande traumatisé, Besancenot stabilisé, Bové épanoui, Sarkozy fatigué, Raffarin en boule, Chirac planant déjà en sauveur de la patrie, Villepin à l'attaque, Alliot-Marie grave, Bayrou dérapé, Douste-Blazy rajeuni, Jospin dignement vieilli – quel joyeux bordel en perspective.

Les Français sont comme ça : ils veulent que ça bouge. Ils sont immoraux, égoïstes, jouisseurs, butés, méfiants, conséquents et inconséquents. On leur préconise le oui, on leur montre la voie de la raison, ils se rebiffent. Descartes lui-même ne les convaincrait pas après une heure de télé. L'Europe ? C'est quoi ça, l'Europe ? Un truc pour les nantis, les élites, les intellectuels serviles, les requins financiers. Quelqu'un, en tout cas, les a compris, ces Français de base. Fabius, le grand vainqueur de ce grand débat démocratique (n'est-ce pas ?), à moins qu'il ne se soit agi d'une extravagante séance de cirque.

29/05/2005