Pentecôte
Pour couper court à la querelle du travail de solidarité imposé par le gouvernement le jour férié du lundi de Pentecôte (avec, comme résultat automatique, une montée spectaculaire du non), je propose une mesure simple. Tous les travailleurs et les travailleuses passeront un examen rapide dans les mairies, les commissariats et les entreprises, avec comme question : « Qu'est-ce que la Pentecôte ? »
Ceux et celles qui sauront répondre correctement, en donnant des détails précis sur les langues de feu, le parler en langues, bref sur l'effusion du Saint-Esprit en définissant bien sa place à l'intérieur de la Trinité, seront renvoyés chez eux afin de se reposer d'une connaissance aussi épuisante. Les autres travailleront jusqu'à l'année prochaine. Deux séances de rattrapage, pas plus. Les plus motivés gagneront une visite gratuite de la collection François Pinault au palazzo Grassi à Venise, comme compensation qu'offrira gracieusement ce milliardaire pour avoir désespéré Boulogne-Billancourt.
Une brochure spéciale est déjà en préparation à Rome pour les débutants. L'histoire est très belle, très baroque, des tableaux nombreux et sublimes la représentent avec flamme (des tableaux beaucoup plus beaux que ceux qu'on verra chez Pinault, mais peu importe). Les réfractaires se verront contraints de payer un impôt supplémentaire, ou bien viendront aussi travailler le dimanche. Voilà une mesure de civilisation accélérée, un peu insolite, peut-être, mais qui rejoint le magnifique esprit du Droit à la paresse du gendre de Marx, Paul Lafargue. Sans aller jusqu'au radicalisme de Guy Debord dans sa fameuse formule « Ne travaillez jamais ! », cette initiative donnera de l'air dans les rouages. On pourra proposer à son sujet un référendum. Une marée de oui s'ensuivra.
29/05/2005