Florence
Elle descend d'avion, elle est en pleine forme, elle commence sa grande tournée médiatique, c'est la superstar du moment. Courage ? Sûrement. Pudeur ? Extrême. L'ennuyeux, c'est qu'elle a l'air de sortir d'un rallye, épuisant, certes, mais finalement plus drôle. Cinq mois dans une cave, attachée et les yeux bandés, bon, d'accord, mais on ne va pas en faire un plat, c'est une sorte de Loft Story en plus dur, une cellar story, avec des terroristes plutôt zozos qui sont allés jusqu'à lui demander si elle n'avait pas le mail de Chirac.
Rançon ? Bien sûr, mais parlons d'autre chose. En l'absence de toute revendication coranique ou politique (sans parler de l'extraordinaire cassette-supplique à l'inénarrable Didier Julia), force est de constater qu'on est là dans le business mafieux qui fleurit plus que jamais à Bagdad (et ailleurs), avec ponctuations d'explosions et exécutions sommaires. Il faut saluer, c'est entendu, l'absence de démagogie et la bonne humeur de Florence Aubenas, mais l'effet latéral consiste quand même à irréaliser beaucoup de morts et de têtes coupées, comme s'il s'agissait d'un grand film, et d'ailleurs c'en est un par la volonté automatique du Spectacle.
Le Spectacle règne, adaptez-vous, saluez, dégagez. Que vous ayez perdu la vie au passage, est-ce si important ? Les guignols qui détenaient Florence dans sa cave, et qui lui offrent, à la fin de ce séjour dégueulasse, un flacon de parfum, sont parfaitement dans la note. Allons plus loin dans le mauvais esprit : supposons qu'on organise un concours de cellar story pour personnel féminin, bien sûr. Deux mois dans une cave de Bagdad (cinq, c'est trop long), et, à la sortie, médias en folie. Combien y aurait-il de volontaires chez les jeunes femmes ambitieuses ? Mille ? Cent mille ? Trois cent mille ? Hypothèse diabolique, j'en conviens. Mais qui peut affirmer que le vieux Diable ne mène pas cette danse ?
26/06/2005