Ovaires
C'est une grande première, et elle a eu lieu dans le Missouri. Une jeune femme américaine de vingt-cinq ans, Stephanie Yarber, stérile depuis l'adolescence, a reçu de sa sœur jumelle, Melanie Morgan, déjà mère de trois enfants, la première greffe d'ovaires hétérologues réalisée dans l'espèce humaine. L'histoire de cette greffe est racontée en détail dans le New England Journal of Medicine (encore l'Angleterre !). Résultat parfait : un bébé normal et en bonne santé est né en Alabama. Je constate que, pour aboutir à une telle réussite, l'ovaire de Melanie a été coupé en trois morceaux, dont l'un a été congelé, et les deux autres greffés par parascopie dans chacun des ovaires stériles de Stephanie, en cinq heures d'opération. Le beau bébé (dont, curieusement, on ne donne pas le sexe), pèse trois kilos et demi.
« Stephanie devrait pouvoir avoir d'autres enfants grâce à cette greffe », a annoncé le docteur Sherman Silber, le chirurgien à l'origine de cette première mondiale. Je vois que le legs d'ovocytes entre sœurs est interdit en France. Là encore, notre pays prend du retard. La photo des deux sœurs américaines nous montre de solides jeunes femmes blondes avec des queues-de-cheval. Elles regardent résolument vers l'avenir. Mais l'avenir, ce sera, on s'en doute, l'utérus artificiel, dont Henri Atlan, dans un livre récent143, prédit la construction imminente. Ce qui oblige à se poser la question suivante : si la technique peut produire un utérus artificiel, l'utérus n'a-t-il pas été, de tout temps, artificiel ? On pressent ici les révisions qui s'imposent.
26/06/2005