Discovery

C'est quand même le clou de l'été : la navette réparée en plein vol par ses astronautes mêmes. Vous avez vu ça ? Le type qui, flottant dans le vide, va réparer sa capsule spatiale comme s'il changeait des tuiles sur un toit ? Avec ses petits gestes d'artisan du cosmos ? J'ai la plus grande considération pour les coureurs français du quatre cents mètres haies, je suis avec passion le retour en bleu de Zidane, je n'ai rien à objecter au sacre de plus grand Français en la personne de Noah, mais là, je m'incline. Mieux : je m'identifie indûment. Après tout, se lever chaque jour à six heures du matin pour écrire quelques pages d'un gros roman en cours relève du même art d'ajustement microscopique. Une plaquette, une autre. Et retour, un jour ou l'autre, dans les flammes de l'atmosphère. « À quoi pensez-vous dans ces moments-là ? » demande-t-on à un type qui a vécu ce genre d'expérience. « À rien, répond-il, j'ai trop de travail avec mes instruments. » Une erreur de un degré dans le vol, et c'est l'explosion (comme pour Columbia). Voilà, l'équipage a atterri, le commandant de bord est une femme précise et tranquille. Impossible, à ce moment-là, de ne pas penser aux Canadair écrasés dans le feu, ou aux charters dépressurisés s'abîmant en quelques minutes, avec leur cargaison de pauvres touristes.

21/08/2005