Katrina
Pas de doute, la planète est bouclée, et pendant que l'histoire se répète, stagne, bégaie et piétine, la nature, longtemps tenue pour secondaire, semble vouloir se rappeler à nous avec pertes et fracas. Ouragans, cyclones, typhons, raz-de-marée, tremblements de terre, les preuves de l'inexistence de Dieu n'ont jamais été aussi flagrantes que depuis la résurgence hallucinée de Dieu. Voyez ces pèlerins chiites balayés par une panique. Voyez surtout Katrina, qu'on dirait commanditée par Al-Qaida, submergeant la Louisiane et faisant de La Nouvelle Orléans une ville fantôme.
Écoutez ce que dit le photographe Robert Stolarik qui a déjà couvert la guerre du Kosovo et les attentats du 11 septembre 2001 : « Je pensais que l'événement que j'allais couvrir était un ouragan et les dégâts qu'il avait causés. Au lieu de cela, je fus témoin de l'effondrement complet de notre société. Comme je demandais à l'officier de police posté à l'hôtel où je résidais qui était encore en ville, elle répliqua : “Les seules personnes qui sont encore à La Nouvelle Orléans sont pour la plupart des criminels que nous essayons de faire sortir de force de la ville depuis des décennies. Si les digues cèdent, Mère Nature portera un insigne de shérif.” »
Et aussi : « Le lendemain, je rapportai avec moi de Baton Rouge un énorme sac de nourriture pour chiens que je dispersai le long des routes pour des milliers de chiens courant abandonnés par leurs maîtres. Deux jours plus tard, je découvris que les chiens avaient trouvé une meilleure source d'approvisionnement : les cadavres des gens qui étaient morts sur l'autoroute en attendant d'être conduits hors de la ville. Beaucoup de personnes n'ont été sauvées des inondations que pour mourir de maladie, de déshydratation ou de faim alors qu'elles attendaient sur l'autoroute 10 que des bus viennent les emmener dans un endroit où elles seraient en sécurité. Même au Kosovo, je n'ai rien vu de semblable. »
25/09/2005