Présidentielle
La présidentielle est encore loin (ne pourrait-on pas l'avancer ? Ne devrait-elle pas avoir lieu tous les ans ?), mais la préprésidentielle bat son plein, vrai cyclone dans le microcosme. Nous en sommes à quatorze prétendants et prétendantes, et le nombre devrait augmenter. Cette course de canards devient fascinante, irréelle, belle, expression de l'infini narcissisme humain. Chacun s'y voit, et avec raison, et pourquoi pas, le jeu en vaut la chandelle.
Qui tient la corde aujourd'hui à droite ? Napoléon Villepin ou Bonaparte Sarkozy ? Que trament les femmes dans l'ombre ? Combien de temps le canard socialiste sans tête pourra-t-il tourner en rond dans la cour ? Ségolène Royal me séduit assez, mais on la dit puritaine. Alliot-Marie réveille en moi une fierté militaire que je croyais définitivement enfouie, mais c'est plus fort que moi, je me sens déserteur dans l'âme. Le livre de Jospin est honnête et sage, et la preuve c'est qu'il est publié par Gallimard. J'oublie tout ce que disent Hollande et les autres, sauf un, qui me paraît finalement bien parti : Fabius.
Si j'étais influent dans la bourgeoisie d'État, de gauche à droite, ce serait mon candidat idéal. Après tout, il a toujours été le fils préféré de Mitterrand. Mais il lui faut travailler dur, rallier subtilement l'extrême gauche et un bout d'extrême droite. En étant, par-dessus le marché, le candidat des Américains, ça pourrait aller. Le Medef se ferait une raison. Chirac pourrait partir tranquille. L'État, vous dis-je, l'État. Dans un numéro récent du populaire magazine Marianne consacré à « l'Anti-France », je me vois défini ainsi, à cause d'un ancien article intitulé « La France moisie » : « Formé aux canons de la grande Révolution culturelle, Philippe Sollers adore les slogans et les listes noires. » Les slogans, j'en doute, mais voici ma liste rose. Fabius boosté par le peuple de gauche, ce serait frappant.
30/10/2005