Banlieues

Tout a été dit et redit sur l'explosion des banlieues, sauf, me semble-t-il, l'essentiel : une société qui engendre une telle violence ne peut être qu'une société du mensonge permanent et de la fausseté programmée. Des corps laissés pour compte s'en aperçoivent, ils tournent en rond dans la nuit, ils n'en peuvent plus, ils cassent, ils brûlent. Ce qui veut dire : présent insupportable, passé détruit, aucun futur. Le nihilisme actif répond à la routine du nihilisme passif, le cocktail Molotov au matraquage publicitaire. Sacré Molotov ! Qui se souvient de ce sinistre bureaucrate stalinien éliminé en 1957, et signataire, en 1939, du pacte germano-soviétique ? Il brûle en enfer, ce vieux salaud, mais il inspire encore les émeutiers sans espoir. Traiter ces derniers de « racaille » les dope. L'état d'urgence et le couvre-feu les calment un peu, mais les encouragent en secret. La misère de la politique éclate dans la politique publicitaire. Ces incendies sporadiques ont une seule destination usée : l'Élysée.

27/11/2005