Synthèse
Le Parti socialiste est une grande famille agitée, avec ses pères, ses mères, ses fils, ses filles, ses oncles, ses tantes, ses neveux, ses nièces, ses cousins lointains, ses proches par alliances. Des conflits ont lieu, ils font beaucoup de bruit, il y a des séparations, des divorces. On se regarde de travers, on se jalouse férocement, on ne se salue plus, on se bat froid. Qui est le chef ? C'est moi, non, c'est moi. Qui a eu le plus de télés, de magazines, de photos, toi ou moi ? Et le meilleur couple ? Les enfants les plus beaux ? On se pousse, on se blesse, on s'espionne. Et puis, tout à coup, voitures carbonisées aidant, on est rassemblés, unis, réunis, comme une vraie famille bourgeoise en danger face à une opinion franchement morose. Les socialistes redécouvrent les Français et la France réelle, leurs problèmes, leurs doutes, leur perte d'identité. Certains parlaient de fonder une Sixième République, mais ce mauvais rêve, trop démocratique, a été écarté. Tous ensemble, on verra après. Bravo Hollande. Il court, il vole, il réconcilie, il bénit, et son épouse le suit, la belle Ségolène pourtant déjà présidente. Le grand vainqueur dans tout ça ? Fabius, évidemment, je vous l'avais dit. Il est providentiel, ça saute aux yeux, et c'est même la raison pour laquelle la famille ne l'aime pas, le redoute. Passer de TSF, Tout Sauf Fabius, à TPF, Tous Pour Fabius, sera une longue ascèse, une drôle de couleuvre à avaler. Mais si je suis Chirac, Villepin, Sarkozy, je joue Fabius à fond pour la finale. Il est battu de justesse, le film futur est parfait. Les banlieues se tassent un instant, les grèves reprennent, la presse écrite respire à peine, la mondialisation s'accélère. Et la littérature dans tout ça ? Elle tient bon, et en voici la preuve : après des années d'hésitations, de fausses informations, d'apparitions et de disparitions, le prix Weyergans a enfin été attribué au Jury Goncourt. Le lauréat a rejoint sa mère, et son concurrent Houellebecq repart, avec un pourboire et son chien, dans son île. Tout est rentré dans l'ordre, passons à l'année suivante. Je crois donc venu le moment de publier mon magnifique prochain roman.
27/11/2005