Outreau
Là, on entre dans la folie quotidienne. Remarquons d'abord qu'un autre abbé, l'abbé Wiel, a passé deux ans et demi en prison avant d'être innocenté du délit de pédophilie. Des enfants l'accusaient, ils se rétractent. Mais il paraît qu'à l'école tout le monde pensait que l'abbé était coupable. C'était même le coupable idéal. Il est toutefois difficile de faire mieux, dans le mensonge inventif, que Myriam Badaoui, la principale accusée de ce procès terrible et cocasse. Elle est grosse, elle est bavarde, elle a une énergie inouïe. Le sexe ne lui fait pas peur, elle le met à toutes les sauces. Elle dénonce, elle invente, elle force le trait. Le juge crédule et expéditif qui a eu affaire à elle en est resté médusé. Il faut dire que les innocents du procès sont bizarres. Ainsi de Franck Lavier, accusé d'avoir reniflé de trop près la petite Stéphanie. « Ça a été grossi », dit-il à l'audience. « C'est arrivé qu'une fois. Je lui ai senti le cou, les aisselles, je me suis arrêté au nombril. » C'était juste pour vérifier que la petite Stéphanie avait fait correctement sa toilette. L'innocent est prolixe, il admet avoir déliré dans ses dépositions (il n'est pas le seul), jure qu'il n'a jamais eu envie de Myriam (pas gentleman, ça), et surtout se met à parler en argot sexuel, ce qui a le don de faire rire la salle (ah, ces Français !). Il a quand même passé pour rien trente-six mois et vingt jours en cellule. Maintenant, il pleure. Misère de la justice, donc, et ce n'est pas drôle. L'abbé Wiel écrira-t-il un jour ses Mémoires d'Outreau-tombe ? On aimerait.
27/11/2005