Muray
Nous avons été très amis, et je ne le regrette pas. J'ai publié de lui deux livres très importants, un Céline, et Le XIXe Siècle à travers les âges. Ce dernier essai est un chef-d'œuvre, et qui est là pour longtemps. Après quoi, il semble que nous nous soyons brouillés pour des raisons apparemment politiques (on donne ces raisons-là plutôt que de s'expliquer sur le fond, ce qui serait trop complexe et trop long). Muray s'est mis, de plus en plus, à parler de ce qu'il détestait dans notre époque, au point de trouver des partisans qui se soucient peu de ses lectures (vastes) et de ses intérêts réels (métaphysiques cachés). L'ennuyeux, lorsqu'on restreint son discours à ce qu'on déteste, sans plus parler de ce qu'on aime, est le risque de renforcer en soi ce qu'on déteste. C'est malheureusement une loi. Maintenant que Muray est mort beaucoup trop tôt, je garde le souvenir de l'ami et du charmant camarade de combat. J'oublie le reste.
26/03/2006