Irréalité
Il s'est bien entendu passé quelque chose, mais quoi ? Les mots les plus ressassés, sur fond de manifestation de slogans et de discours ronflants, ont été, et restent, « emploi », « embauche », « précarité », « débouché ». Il faudrait être bouché, ou singulièrement débauché, pour ne pas les entendre jusqu'au vertige. La première embauche, la nouvelle embauche ouvrent-elles vers des débouchés ? Où irions-nous, où irait la jeunesse, sans emplois et sans débouchés ? « Nous avons eu la peau du cépéheu », clame un syndicaliste très remonté. A-t-il été abrogé, ce fameux cépéheu ? Non, mais remplacé, amendé, écorné, atténué, raboté, et finalement retiré, sans pour autant calmer les esprits, puisque le problème de l'emploi, de l'embauche, de la précarité et des débouchés reste le même. À chaque époque ses dimensions : il y a eu Napoléon le Grand, et puis Napoléon le Petit. De Gaulle a eu droit à un grand 68, Chirac et Villepin à un minuscule. Dans la foulée, fallait-il interdire en hâte de fumer dans tous les endroits publics ? La décision, d'une immense urgence, semble reportée pour l'instant, autre preuve de la fumisterie gouvernementale. L'idée de cellules à fumer spéciales dans les bars est pourtant grandiose. Tous les tarés de la cigarette comprimés ensemble dans l'irrespirable et la cancérisation assurée, voilà qui ne manque pas de gueule. Sécurité, santé, propreté, embauche, emploi, débouché.
30/04/2006