Pauvre Chirac

On le regrettera, le pauvre Chirac. Avec lui, c'est toute une vieille France qui s'effondre. Mitterrand était l'oncle, Chirac le grand fils de son épouse et mère, un peu mécanique, soit, mais tellement adapté à la vénérable République radicale-socialiste. Oui, on regrettera son côté chef de rang de grand restaurant, sa passion pour la tête de veau, sa familiarité sans pareille avec les vaches, sa dégaine, ses poignées de main au hasard, ses frais de bouche, sa baraka abracadabrantesque, ses ruses, son innocence, sa jambe agitée. Devait-il se laisser séduire à ce point par le flamboyant Villepin ? Sarkozy n'a-t-il pas tourné ce Bonaparte imprudent sur la gauche, avant de se rabattre sur la droite par une manœuvre risquée ? Pour l'instant, Le Pen et Villiers font beaucoup de bruit, et n'oubliez pas, si vous prenez l'avion à Roissy, de regarder de près l'allure de vos bagagistes. Un Moussaoui, schizophrène et paranoïaque, peut en cacher un autre, et paf, vous vous retrouvez en chute libre sur l'Arc de Triomphe. De toute façon, si vous n'aimez pas la France, vous n'avez qu'à aller voir ailleurs. Oui, pauvre Chirac, avec sa façon, étonnamment imitable, d'articuler « mes chers compatriotes » les grands soirs de vœux. Pauvre vieille souche de Corrèze poussée vers une triste précarité sans débouché !

30/04/2006