Sartre-Beauvoir
Dans le genre assommant et presque sans arrêt ridicule, la télévision a diffusé un film sur Sartre et Beauvoir, ou plutôt sur Beauvoir et Sartre. L'actrice bredouillait tellement dans les basses qu'on ne comprenait qu'un mot sur dix de son discours. Elle semblait abattue, romantique, mélancolique, surplombant un Sartre-roquet dont on avait du mal à percevoir la nausée, l'être, le néant, l'existence, la liberté. Ça s'appelait (et c'est tout dire) Les Amants du Flore. Bref, des clichés, comme si, au fond, ces deux-là n'avaient rien écrit ni vraiment pensé. Beauvoir et Sartre décaféinés ? Voilà l'époque. Sans parler de la politique qui évolue vers une cocasserie sinistre, jamais, sans doute, le mépris des livres et de la pensée n'a été aussi massif et bassement stipendié. « Ça a toujours été comme ça », me dit quelqu'un. Et c'est vrai : il y avait des résistances diverses mais là, on dirait que le système nerveux lui-même est atteint par une sorte de lésion molle, une maladie de haine du passé.
30/04/2006