Da Vinci Code
Une dame très convenable s'occupant d'une revue féminine et, si je comprends bien, « postféministe », vient m'interroger sur la guerre des sexes où elle souhaiterait, dit-elle, que se produise une pause, une trêve, vu l'étendue des dégâts. Sa spiritualité me paraît irréprochable. Quelle n'est pas ma surprise lorsqu'elle me demande si je crois que Jésus-Christ a eu une liaison avec Marie-Madeleine, une vraie liaison amoureuse, n'est-ce pas, avec naissance d'une fille cachée, secret occulté par l'Église catholique, et surtout par le cabinet noir de l'Opus Dei. Je lui fais courtoisement remarquer que l'étrange Dieu de la Bible a eu, semble-t-il, l'inspiration soudaine d'engendrer un fils par des voies impénétrables, c'est l'histoire bien connue de la Vierge Marie, mère de Dieu, mais aussi, par là même, fille de son fils, ce qui va assez loin comme proposition incroyable. Je vais jusqu'à lui citer le vers célèbre de Dante au début du dernier chant de son Paradis : « Vierge Mère, fille de ton fils. » Je vois qu'elle m'écoute distraitement, ébranlée malgré tout par le Da Vinci Code. Dante n'est pas très à la mode, c'est vrai. Revenons donc à la sexualité, sans laquelle on ne voit pas comment le cinéma pourrait survivre. Le cinéma, c'est-à-dire le bavardage global. Vous ne voudriez tout de même pas interrompre ce flot crucial ? Va pour Marie-Madeleine et le sombre complot millénaire du Vatican jusqu'à l'Opus Dei ou, plus exactement, l'Opus Diaboli. Ça marche.
28/05/2006