Mao

Quand j'étais à Pékin, il y a plus de trente ans, le correspondant du Monde avait l'air passionné par le régime communiste, avec une grande obstination et une bizarre ferveur. Heureusement, il avait un vélo que j'ai pas mal utilisé dans les rues, ce qui me faisait remarquer par des milliers de Chinois comme un « long nez », c'est-à-dire une bête curieuse. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le même journal, aujourd'hui, s'enthousiasme pour une biographie à charge du monstre Mao174, le pire criminel du XXsiècle, responsable de soixante-dix millions de morts, et prêt à en faire tuer trois cent millions. C'était donc une « ordure ». Soit. Mais il y a plus grave : c'était un pauvre type, un médiocre, un mégalomane orgiaque, un sadique primaire, un agent simultané de Staline, des nationalistes, des Japonais et ensuite des Américains. Un fou, mais sans envergure. Autant dire que les anciens « maoïstes » occidentaux, Français en tête, ont bonne mine. Max Gallo, dans Le Figaro, parle même, avec commisération, de ceux « qui agitaient le Petit Livre rouge au bar du Pont-Royal ». Il ne manque que la photo qui, bien entendu, n'existe que dans l'imagination de Gallo.

25/06/2006