Liban

Israël, pour sa défense, a choisi l'action militaire à l'américaine. Zéro mort pour soi, bombardements massifs, éviter les engagements au sol (mais ils sont en train de venir), indifférence impériale pour les pertes civiles, d'ailleurs symétrique de celle de son adversaire fou. Dans ce genre de stratégie, il faut aller vite, anéantir l'ennemi en quelques jours, sinon c'est le bourbier classique, l'émotion internationale, etc. Soit les services de renseignements de Tsahal ne sont plus ce qu'ils étaient, soit la stratégie à l'américaine montre de plus en plus ses limites, mais le moins qu'on puisse dire est que l'engrenage est celui des dégâts. Le cinglé du Hezbollah paraît à la télévision, il est calme, c'est un bébé rose barbu, il n'a pas du tout l'air impressionné par les destructions en cours, au contraire. Là-dessus, comme d'habitude, exode des populations, évacuation des étrangers, civils brûlés avec leurs enfants dans leurs voitures, explosions meurtrières à Haïfa, sinistre passion de mort à l'œuvre, comme en Irak.

Chirac tire son épingle du jeu, remonte dans les sondages, provincialise Sarko et Ségo, obtient des corridors humanitaires, des corridors, que dis-je, bientôt des couloirs. Il avait déjà fait un très bon 14-Juillet, demandant qu'on s'occupe d'autre chose que du « sexe des anges », stigmatisant « la morosité que d'aucuns s'obstinent à dépeindre », n'arrêtant pas de répéter « La France, la France, la France ». Pauvre Liban, désormais, pauvre pays du cèdre.

Quelqu'un qui ne s'arrange pas avec le temps, en tout cas, c'est Condoleezza Rice : sa démarche est de plus en plus mécanique, son sourire robotisé, on dirait une employée des pompes funèbres planétaires. Comble d'étrangeté, des observateurs de l'ONU sont tués dans un bombardement, dont un Chinois. Le ministre adjoint des Affaires étrangères chinois, Zhai Jun, convoque en urgence à Pékin l'ambassadeur israélien pour une ferme protestation et une demande d'excuses. Excuses israéliennes, donc, et promesse d'enquête approfondie et rendue publique. On verra bien.

30/07/2006