Fumeurs
Le vrai coupable dans tout ça, c'est quand même le fumeur. On l'a dénoncé cent fois, mille fois, mais ce n'est pas assez : il faut lui interdire l'accès aux entreprises, il ne sera plus embauché. Un Irlandais l'a décrété, et la Commission européenne l'approuve. Cet homme de santé dit que « les salariés qui reviennent à leur bureau après une pause cigarette puent ». Il ajoute que « la vérité est que ces fumeurs ne réalisent pas les risques qu'ils encourent, ce qui signifie qu'ils n'ont pas le niveau d'intelligence recherché ». On sait que la législation interdit la discrimination sur la base d'origine raciale, ethnique, d'un handicap, de l'âge, de l'orientation sexuelle, de la religion et des croyances, mais le fumeur, lui, est désormais le discriminé total. Normal, il pue, c'est un incendiaire et un criminel en puissance, il tue d'ailleurs à petit feu ses proches et ses collègues, c'est un dangereux asocial, il prend l'existence avec une désinvolture insupportable, il se croit seul, il est plus dangereux qu'un drogué, un maniaque sexuel ou un fou de Dieu. De nouveaux appareils de détection seront mis en place un peu partout ; ne pas fumer ne suffira pas, il faudra prouver qu'on ne fume jamais, même en cachette, et l'appareil tranchera : il pue. Pas de travail pour les fumeurs ! C'est peut-être là leur honneur : ils minent la notion de travail elle-même. Mais que me dit-on ? Que malgré le désastre entraîné par cette puanteur s'attaquant aux grossesses, aux spermatozoïdes, aux poumons, aux enfants, aux arbres, la consommation de cigarettes a repris en France ? Que la législation française interdit de ne pas embaucher un fumeur ? Ces Français sont des fumistes, et on attend le candidat ou la candidate à la présidence de 2007 pour mettre fin à cette situation choquante. Tout fumeur sera interdit d'aéroport, de gare, d'autoroute. Son véhicule pourra être saisi, son appartement perquisitionné, et ses relations interrogées sur dénonciations préalables.
20/08/2006