Congélation
Dans le genre criminelle tranquille, Véronique Courjault m'épate. On ne sait plus, dans cette histoire de fous, ce qu'il faut souligner le plus : l'incroyable aveuglement du mari qui ne se serait pas rendu compte d'au moins trois grossesses de sa femme, ou bien la solitude tragique de cette pauvre fille, mariée, en noir, s'accouchant elle-même, puis brûlant un bébé dans une cheminée, en étranglant deux autres qu'elle entrepose dans un congélateur en Corée. Voilà donc un petit couple français d'aujourd'hui, avec deux enfants vivants, un couple parfaitement normal à l'extérieur. Ce congélateur transformé en morgue pose quand même un problème. Pourquoi garder ces petits cadavres comme de la viande ? Dans quel but ? Cannibalisme ? Exclu. Fantasme de résurrection possible ? Allez savoir. Hommage inconscient à la science ? Qui sait ?
Je vois qu'un professeur de gynécologie obstétrique, membre du Comité national d'éthique, ex-président de l'Académie nationale de médecine, déclare ceci à propos du débat sur les cellules-souches humaines : « L'un des problèmes les plus préoccupants d'aujourd'hui est celui posé par la congélation, durant cinq, dix, quinze ou vingt ans, d'embryons humains conçus par fécondation in vitro et destinés à être implantés dans un utérus féminin. Je considère ces embryons comme des êtres humains, et le fait d'avoir des êtres humains congelés me met mal à l'aise. Je ne suis pas le seul, comme en témoignent les réticences de ceux qui, dans certains cas, sont amenés à détruire ces embryons. »
Freud a écrit autrefois un grand livre, Malaise dans la civilisation. Écrirait-il aujourd'hui un Malaise chez les embryons ?
29/10/2006